L’histoire est peut-être moins belle qu’il y paraît. En 2010, l’Afrique du Sud est devenue le premier pays du continent africain à avoir l’honneur d’accueillir une Coupe du monde. Pourtant, dans la foulée de l’arrestation de neuf haut-responsables de la FIFA à la demande de la justice américaine mercredi, l’image de la compétition est aujourd’hui sérieusement écornée.
“Même pour cet événement historique, des dirigeants de la FIFA et d’autres ont corrompu le processus en utilisant des pots-de-vin pour influencer la décision d’attribution“, a regretté mercredi Loretta Lynch, ministre de la Justice américaine, à l’origine d’une vaste enquête, qui pointe aussi du doigt les conditions d’attribution des Mondiaux 2018 (Russie), 2022 (Qatar) et 1998 (France).
“Soutenir la diaspora africaine“
C’est le 15 mai 2004 que le comité exécutif de la FIFA a privilégié la candidature de l’Afrique du Sud (14 voix) pour organiser l’édition 2010 au détriment de celle du Maroc (10 voix) et de l’Egypte (0 voix). Problème : pour recueillir la faveur des urnes, le pays des Bafana Bafana n’aurait pas utilisé que des moyens légaux. D’après l’acte d’accusation de la justice américaine, le gouvernement sud-africain et le comité de candidature ont versé 10 millions de dollars à l’Union caribéenne de football (CFU) alors dirigée par le controversé Jack Warner, qui était aussi président de la CONCACAF (Confédération de football d’Amérique du Nord, Centrale et des Caraîbes). Officiellement, ce don visait à “soutenir la diaspora africaine“.
En réalité, l’objectif de cette transaction était bien moins avouable, puisqu’elle aurait permis d’acheter trois voix. “Ce versement avait pour contreparties les voix de Warner, du conjuré n°1 et du conjuré du n°17 en faveur de l’Afrique du Sud, plutôt que du Maroc, pour organiser le Mondial-2010“, a expliqué la ministre de la justice américaine.
La Fédération sud-africaine exige des preuves
Finalement, pour plus de discrétion, le gouvernement sud-africain n’aurait pas versé directement l’argent à la CFU. La FIFA aurait servi d’intermédiaire en utilisant des fonds destinés à l’Afrique du Sud.
La Fédération sud-africaine de football (SAFA) a réagi dès mercredi, estimant les accusations de corruption “sans fondement” et réclamant “des preuves“. “Personne n’est sous le coup d’une enquête ici. Notre candidature a été conduite par, entre autres, les présidents Nelson Mandela et Thabo Mbeki et plusieurs ministres qui sont des hommes intègres“, souligne Dominic Chimhavi, le porte-parole de la SAFA. Le ministère des Sports sud-africain doit s’exprimer ce jeudi.
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