Près de 400 migrants, venus essentiellement de la corne de l’Afrique, vivent aujourd’hui entassés dans un campement sauvage installé à la Chapelle, dans le nord de Paris. Inquiète des risques d’épidémie, la ville veut dissoudre ce “bidonville”.
Il est neuf heures et demi du matin, samedi 30 mai, quand Saudia s’extrait de sa tente Quechua verte, le regard encore endormi mais le visage souriant. Cette jeune Éthiopienne de 26 ans est arrivée il y a environ un mois à Paris. Comme des centaines de migrants, elle a élu domicile avec son mari dans ce camp sauvage du XVIIIe arrondissement de la capitale, où près de 400 personnes cohabitent ; un camp insalubre qui a vu le jour à l’été 2014 et dont le nombre d’occupants a doublé depuis le début de l’année.
Ici, les déchets s’accumulent entre les matelas posés à même le sol. Au milieu des détritus, certaines tentes baignent dans l’urine s’échappant des pissotières et toilettes portables installées à proximité. Par endroit, l’odeur est pestilentielle.
Saudia se bouche le nez quand elle mime sa condition de vie. “Mais où puis-je aller dans mon état ?”, dit-elle en se caressant le ventre, emmitouflée des pieds à la tête dans une doudoune. Saudia attend un enfant. “Enceinte”, répète-t-elle en français, fière de montrer qu’elle maîtrise un mot d’une langue qui lui était encore inconnue il y a quelques mois. Comme ses voisines de tentes, elles aussi Éthiopiennes, Saudia veut rester en France. L’Angleterre ne l’intéresse pas, dit-elle.
“Pour me changer, je dois m’enfermer dans les toilettes”
“Je suis venue par la mer de Libye. Une fois en Italie, je suis arrivée en France en voiture, raconte-t-elle. Maintenant, je suis fatiguée, mais ici, je suis bien. Il y a les médecins à côté [à l’hôpital Lariboisière, situé à quelques mètres du camp]. Il y a les associations qui nous donnent de la nourriture”. Et il y a quelques riverains prévenants, qui arrivent les bras chargés de fruits, inquiets surtout du sort des enfants. “Dites-leur de partager les pommes et de donner les clémentines aux plus jeunes, c’est plein de vitamines”, lance une vieille dame du quartier après s’être frayée un chemin entre les matelas.
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