Des centaines de femmes ont été enlevées, abusées et souvent mariées de force… Beaucoup sont enceintes aussi. Comme d’autres auparavant, Boko Haram utilise le viol comme arme de guerre.
Des femmes meurtries et déboussolées, violées pendant des semaines, régulièrement, peut-être même méthodiquement, et pour certaines mises enceintes par des combattants de Boko Haram. Ce n’est pour l’heure qu’une image assez floue, mais les premiers bruits qui nous viennent des zones jadis occupées (et encore menacées) par la secte dans le nord-est du Nigeria laissent à penser qu’ici, comme ailleurs dans le passé, a été mise en oeuvre une « stratégie de terreur par le sexe ».
C’est le New York Times qui, le premier, a émis cette hypothèse. Le 18 mai, le quotidien américain a publié un reportage de son correspondant en Afrique de l’Ouest. Adam Nossiter s’est rendu dans le camp de Dalori, près de Maiduguri, où s’entassent plus de 15 000 déplacés. « Des centaines de femmes et de filles captives de Boko Haram ont été violées, dans le cadre de ce que des officiels et des humanitaires décrivent comme une stratégie dont le but est de dominer les populations rurales et même de créer une nouvelle génération de jihadistes au Nigeria », écrit le reporter.
Plus au sud, à Yola, où l’armée nigériane a conduit des dizaines de femmes et d’enfants arrachés aux griffes de Boko Haram fin avril, le constat est similaire. L’ONU estime que sur les 700 personnes libérées, 300 sont des femmes ou des jeunes filles, dont un bon nombre sont enceintes.
Voilà trois ans à peine que les femmes sont devenues un « enjeu » dans cette partie du monde. Avant, « elles n’entraient pas en ligne de compte, si ce n’est comme victimes collatérales », affirme un officier des renseignements d’un pays voisin. Tout a changé lorsque, début 2012, la Joint Task Force, l’unité de l’armée nigériane chargée de traquer la secte, a procédé à des arrestations massives dans l’entourage des leaders de Boko Haram. Elle n’a pas fait dans la dentelle : près de 200 femmes et enfants ont été mis au cachot, parmi lesquels l’épouse d’Abubakar Shekau, le chef du groupe jihadiste. Fidèle à sa réputation, Shekau a prévenu dans une vidéo postée sur le web en septembre 2012 : « Maintenant que vous avez enlevé nos femmes, attendez de voir ce qui va arriver aux vôtres ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire