mercredi 5 août 2015

Rio de Janeiro se prépare tant bien que mal à accueillir les JO

L’année prochaine, Rio de Janeiro accueillera les Jeux olympiques. C’est la première fois que les JO sont organisés dans une ville sud-américaine. Plus de 10 000 athlètes de 205 pays se retrouveront dans la « cidade maravilhosa » (cité merveilleuse) pour participer à la compétition. Depuis 2009, Rio tente tant bien que mal de devenir une ville olympique, dans un pays peu enthousiasmé par les sports olympiques.

« La beauté de la ville sera la toile de fond de ces jeux », indique le site de Rio 2016. Avec des épreuves dans la mythique baie de Guanabara, la plage de Copacabana ou encore le stade du Marcanã, ces JO ont des allures de cartes postales. Mais l’envers du décor inquiète quelque peu athlètes et organisateurs.

« Tout retard sera surmonté »

Les Brésiliens courent contre la montre pour que les infrastructures soient prêtes à temps. Des lignes de métro, le stade olympique et plusieurs stades et centres aquatiques sont loin d’être terminés. En 2014, l’un des vice-présidents du Comité international olympique (CIO) John Coates, avait estimé que la préparation des JO 2016 à Rio était « la pire » qui n’ait jamais été constatée en 40 ans d’olympisme.

Mais à un an de l’ouverture des Jeux, pas d’inquiétude du côté du CIO. Pour Nawal El Moutawakel en charge du dossier de coordination de Rio 2016, « il y a toujours eu des retards dans la préparation des jeux. Tout retard sera surmonté, nos amis brésiliens travaillent d’arrache-pied. Ils travaillent en totale coordination avec le CIO et des solutions seront trouvées à ces retards pour permettre à tous de faire de ces jeux, des JO exceptionnels. » La question de la pollution de la baie de Guanabara n’inquiète pas non plus le CIO, « la santé des athlètes est notre priorité et je pense qu’on en fait un peu trop à propos de cette histoire de contamination », estime la représentante du CIO.

Des eaux polluées et des risques de contamination

Les épreuves de voile se dérouleront dans cette baie, où se déversent les égouts de la ville de six millions d’habitants. « Cette eau c’est tout simplement l’eau des toilettes, des douches et des éviers des habitants de la ville », selon le biologiste américain John Griffith, qui a réalisé une enquête avec Associated Press.

Cette étude révèle que le risque d’infection pour les sportifs est de 99% en ingérant l’équivalent de trois petites cuillères de cette eau contaminée. Le risque de contracter une maladie respiratoire et digestive est presque inévitable. La décontamination de la baie était une promesse faite avant 2009, quand le CIO a accordé à Rio de Janeiro l’organisation des JO 2016. Faute de temps, la ville a décidé de mettre en place des éco-bateaux pour récupérer les déchets flottants. L’enquête pointe également du doigt la qualité de l’eau dans la lagune Rodrigo de Freitas, qui accueillera les compétitions d’aviron et de canoës. Outre ce problème de pollution, c’est une question environnementale qui se pose à quelques kilomètres de la ville.

Un golf sur une zone protégée

A Barra da Tijuca, au sud de Rio de Janeiro près du parc olympique, les autorités brésiliennes ont choisi d’installer le terrain de golf sur une zone de protection de l’environnement. Les travaux ont longtemps été bloqués par des manifestants qui dénoncent un crime contre l’environnement. Le projet d’urbanisme a même fait l’objet d’une action en justice, et après une modification de la loi, le terrain de golf et plusieurs immeubles dépassant la taille autorisée auparavant ont été installés. « C’est terrible pour la biodiversité du lieu, on voit déjà des animaux morts aux abords du golfe, toute la zone a été dévastée. Le pire c’est que les contribuables payent pour ces constructions et que la spéculation immobilière ne va pas s’arrêter là », dénonce Pedro Zeno, un étudiant à l’initiative du mouvement « Golfe para quem ? » (« Un golfe pour qui ? »). En effet, c’est la grande question que se posent les habitants de Barra, qui jouera au golf une fois les JO terminés ?

JO : une opportunité pour la ville ?

Du côté de la préfecture de Rio de Janeiro, le ton se veut rassurant. « La ville doit profiter des ces Jeux et ça n’est pas l’inverse », assure Roberto Aibinder de l’entreprise municipale olympique. « Ces Jeux sont en train de changer radicalement la ville, en 2016, Rio de Janeiro sera une ville nouvelle, avec beaucoup plus d’infrastructures et une mobilité urbaine complètement changée. Beaucoup de Cariocas pourront utiliser les transports en commun. Ce sera une ville plus accessible et plus inclusive », explique le représentant de l’entreprise olympique. Pour le moment, la ville n’a pas saisi cette opportunité pour dépolluer la baie de Guanabara, par exemple.

Les Jeux olympiques laisseront un héritage sportif, comme le terrain de golf par exemple. Mais à titre de comparaison une enquête récente rappelait l’héritage de la Coupe du Monde 2014 au Brésil : des lignes de métro jamais terminées, des promesses de nouvelles lignes d’autobus jamais tenues, des stades inutilisés, l’agrandissement d’aéroports inachevé et des communautés expulsées, jamais relogées.

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