Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a remanié vendredi soir son gouvernement en écartant les ministres opposés aux réformes exigées par les partenaires de la Grèce qui ont débloqué des fonds pour couvrir ses besoins financiers les plus pressants, en prélude aux négociations sur une aide massive de plus long terme. Les nouveaux ministres ont prêté serment ce samedi 18 juillet au matin.
Le Premier ministre grec reprend les rênes de sa majorité. Dix ministres changent de poste ou intègrent le gouvernement. Trois ministres qui ont voté contre le premier volet du 3e plan d’aide à la Grèce mercredi dernier ont été écartés, deux avaient déjà démissionné cette semaine, rapporte notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard.
Les frondeurs de Syriza disparaissent du gouvernement. Un quart des députés de la gauche radicale sont sur la même ligne. Cette semaine, une majorité des membres du comité central de la gauche radicale ont d’ailleurs appelé à voter contre les nouvelles mesures d’austérité.
Ce remaniement, le premier d’envergure depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir il y a six mois, s’apparente à une reprise en main et a valeur de message adressé aux créanciers, qui continuent de douter de la volonté et de la capacité de l’exécutif grec à tenir ses engagements.
Décalage croissant entre le Premier ministre et son parti ?
Parmi les ministres qui quittent le gouvernement, Panagiotis Lafazanis, chef du courant de la «Plateforme gauche» au sein de Syriza, en charge de la Restructuration productive et de l’énergie. Selon lui « un choix entre un plan d’aide ou une catastrophe est un choix dicté par la terreur ». Il est remplacé à ce poste stratégique, par l’actuel ministre du Travail, Panos Skourletis, un proche d’Alexis Tsipras. Il héritera de dossiers sensibles, avec notamment plusieurs dossiers de privatisations.
Parmi les sortants figure également la ministre adjointe aux Finances Nadia Valavanis, qui avait présenté sa démission. Deux autres ministres frondeurs Dmitris Stratoulis, secrétaire d’Etat au Travail, et Costas Isychos, secrétaire d’Etat à la Défense, ont eux aussi perdu leur ministère.
Alexis Tsipras a par contre conforté à son poste Euclide Tsakalotos, son ministre des Finances, apprécié de ses homologues de la zone euro.
Le Premier ministre Alexis Tsipras choisit donc de déplacer le centre de gravité de son gouvernement vers la droite, même si pour son remaniement, il est surtout allé piocher au sein de son parti, à l’exception d’un nouveau portefeuille accordé au partenaire de coalition, les souverainistes du parti Grecs indépendants (ANEL).
Déception à droite de Syriza
Pour l’opposition, ce remaniement est peut-être une déception, alors que les rumeurs d’un gouvernement élargi couraient depuis le vote au Parlement en faveur du plan d’aide. Le parti centriste La Rivière (To Potami) qualifie ce changement de ministres de « timide ».
Pour les socialistes du Pasok, ce remaniement paraît peu convaincant et faible. Il montrerait que la gauche radicale n’a pas la volonté de mettre en place les réformes qu’elle a signées selon eux. Et surtout, il laisserait la porte ouverte à de nouvelles élections.
C’est aussi ce que sous-entend Le Quotidien des rédacteurs. Pour ce journal, plutôt à gauche, le gouvernement grec tente de combler les lacunes créées par le vote au Parlement, où un quart de son parti s’est opposé aux réformes des créanciers. Il se préparerait donc à un nouvel appel aux urnes.
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